2010, Année internationale de la biodiversité : quels défis pour la France ?

2010, Année internationale de la biodiversité :

quels défis pour la France ?

Les Nations unies ont déclaré 2010 Année internationale de la biodiversité. L’objectif : mobiliser la communauté internationale sur la richesse et la fragilité de la diversité biologique afin de contenir les menaces qui s’accumulent (urbanisation croissante, déforestation, pratiques agricoles, pollutions). Il s’agit aussi de poser les jalons d’un vrai changement. Pour cela, le gouvernement français a mis en place un plan national, développé par un comité de pilotage réunissant les scientifiques, les pouvoirs publics, les entreprises et le monde associatif. De nombreuses actions sont au programme. Cette mobilisation internationale est l’occasion de comprendre davantage le rôle crucial que joue la biodiversité pour la pérennité de la vie sur Terre.

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Au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, l’ensemble des pays signataires de la Convention pour la diversité biologique se sont engagés à protéger et à restaurer la biodiversité. En 2002, lors du Sommet de Johannesbourg, les dirigeants de la planète s’étaient fixé un objectif plus concret : stopper le déclin de la biodiversité d’ici à 2010. Nous y sommes ! Mais les objectifs n’ont pas été atteints. Tout comme la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité représente donc plus que jamais un enjeu environnemental majeur.

Qu’est-ce que la biodiversité ? En constante évolution, la biodiversité constitue la toile de la vie dont nous faisons intégralement partie et dont nous dépendons. La biodiversité, c’est aussi un réseau d’interactions et d’interdépendances entre des milliards d’êtres vivants, des dizaines de millions d’espèces. La biodiversité soutient quantité de processus et de fonctions des écosystèmes naturels, tels que la qualité de l’eau et de l’air, la régulation du climat, la lutte contre les parasites, la pollinisation et la prévention des érosions. Les systèmes alimentaires sont également fortement dépendants de la biodiversité, et une proportion considérable de nos médicaments (de 40 à 70%) en sont issus.

« 2010 sera l’année de notre mobilisation pour la biodiversité », a annoncé la secrétaire d’Etat à l’Ecologie à l’Unesco, Chantal Jouanno. Une série d’actions et de rendez-vous sont au programme : tout d’abord, l’élaboration d’un inventaire de la biodiversité en France. Selon les biologistes, si 1,9 millions d’espèces animales, végétales et micro-organismes ont déjà été décrits à ce jour à travers le monde, il en resterait encore entre dix à cent millions à découvrir. Toute la France est mise à contribution, pas seulement les spécialistes. Les habitants des villes et des campagnes sont ainsi invités à recenser les espèces d’oiseaux, de papillons, de pollinisateurs, dans leurs jardins ou sur leurs balcons. Ils peuvent transmettre les informations collectées à travers une plate-forme Internet prévue à cet effet.

Concernant les mesures annoncées par les pouvoirs publics, « 131 plans de préservation et de sauvegarde sont mis en place pour chaque espèce menacée d’extinction, et la création de nouveaux parcs marins est également prévue ». Selon Chantal Jouanno, « l’objectif est de protéger 20 % des territoires marins ». Par ailleurs, le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer va renforcer ses actions pédagogiques : une Fête de la nature sera organisée du 19 au 23 juin, avec « un pique-nique national le 21 mai ». Le Museum national d’histoire naturelle, ainsi que de nombreux autres organismes sont d’ores et déjà impliqués.

On compte aujourd’hui trente-quatre zones du globe terrestre, où les espèces sont à la fois très nombreuses et particulièrement menacées. Parmi elles figure le Bassin méditerranéen. Les scientifiques sont déjà engagés dans de nombreuses missions de sauvetage de la nature. Au cœur de la forêt amazonienne, où la diversité des espèces est exceptionnelle, une cinquantaine de chercheurs du Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) participent à l’ambitieux programme Amazonie. Objectif : décrypter cette forêt, la plus riche du monde, qui recouvre quelque 4 millions de km2, répartis sur neuf pays.

« L’Institut écologie et environnement (INEE) du CNRS a noué de nombreux liens hors de nos frontières dans le cadre de groupements de recherche internationaux (GDRI), comme le GDRI « Biodiversité et développement durable à Madagascar », ou encore le GDRI « Biodiversité des maladies infectieuses au Vietnam » », indique Françoise Gaill, directrice scientifique de l’INEE. « Le Centre de Recherches insulaires et Observatoire de l’environnement (CRIOBE), unité de service et de recherche du CNRS, s’est également mobilisé pour les coraux de la Polynésie française, et notamment à Tahiti. Un partenariat privilégié s’est établi entre l’Académie des sciences de Chine et le CNRS, et nous allons organiser en avril, avec Israël, un grand colloque autour de thèmes communs : eau, toxicologie, génétique des populations, résistance à la sécheresse… ».

Les chercheurs de l’Institut de recherche et de développement (IRD) travaillent en partenariat avec l’Outre-mer et les pays du Sud. Ils sont particulièrement actifs en Afrique et en Amérique latine. « Mon travail porte, en Amazonie, sur des problématiques qui touchent à la biodiversité aquatique. Une recherche plus théorique vise à répertorier et à comprendre les facteurs qui contrôlent la biodiversité : son apparition, sa répartition, son maintien. Une recherche plus appliquée vise à répondre à des questionnements de nos partenaires, comme l’étude d’impact de projet de barrage sur le Rio Madera, en Bolivie et au Brésil, ou le diagnostic de contamination par le mercure dans le bassin de l’Itenez, en Bolivie », explique Marc Pouilly, chercheur au département Ecologie aquatique de l’IRD.

(Source : MAEE/DCP/Annik Bianchini/février2010)

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Dernière modification : 10/02/2010

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