La Légion d’Honneur à Madame Brigitte Sauvage,

Discours de M. François DELATTRE,
Ambassadeur de France au Canada,
à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier
dans l’ordre national de la Légion d’Honneur
à Madame Brigitte Sauvage,
Conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger

(Union Française de Montréal, 17 décembre 2010)



Madame la Conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger, Chère Brigitte Sauvage,
Mesdames et Messieurs les autres Conseillers à l’AFE présents ce soir, Chère Janine de Feydeau, Cher Franck Scemama, Cher Emmanuel Marcilhacy, Cher Jean Isséri,
Monsieur le Consul général à Montréal, Cher Pierre, Chère Anne,
Madame la Consule générale à Québec, Chère Hélène, Cher José Luis,
Et je suis heureux de saluer également notre Consule générale adjointe à Montréal Nathalie Pradère, et notre Conseiller de coopération et d’action culturelle au Québec Jean-Pierre Tutin,
Monsieur le Président de l’Union Française de Montréal, Cher Cédric Dumoulin, que je remercie de son hospitalité,
Messieurs les Présidents d’Associations d’anciens combattants,
Mesdames, Messieurs, Chers amis,


C’est un grand plaisir pour moi d’être avec vous ce soir, à l’Union Française de Montréal –la plus ancienne association française de Montréal, qui fêtera l’année prochaine son 125ème anniversaire- pour exprimer la reconnaissance de la Nation à une grande dame, une femme de conviction et d’engagement qui consacre sa vie et son énergie au service des autres et notamment des jeunes en difficulté.

Je suis très heureux de saluer les proches et les amis de Brigitte Sauvage qui sont venus lui exprimer son soutien et son admiration, avec un mot particulier pour vos enfants Julia et Samy.

Chère Brigitte Sauvage, le service de ceux qui sont dans la détresse ou le besoin est chez vous une seconde nature. C’est une vocation qui est née très tôt : dès après vos études secondaires, vous vous orientez en effet vers le service social dont vous allez faire l’engagement de votre vie.

Vous commencez alors à travailler comme intervenant social, notamment à la Direction Départementale de l’Aide Sociale à l’Enfance des Yvelines, au foyer Robert Carpentier de Versailles puis au secrétariat médical pour l’Aide Sociale à l’Enfance.

En 1977, grâce à une bourse d’étude du Ministère du Travail, vous êtes admise, après une sévère sélection, à l’Institut social et familial de Paris XVIIème dont vous sortez en 1980 avec un diplôme d’Etat en service social. Vous êtes alors recrutée comme assistante sociale au Bureau d’Aide Sociale de Paris XVIIème, où vous restez deux ans.

Mais la bureaucratie vous pèse, la France de l’époque vous semble figée. Vous rêvez d’autres horizons. Après avoir été tentée par des organismes communautaires et sociaux, puis après avoir un temps envisagé l’Outre-Mer, les hasards de l’existence et des rencontres vous conduisent au Québec. C’est alors pour vous, il y a 28 ans, le début de la grande aventure québécoise et canadienne.

Bien avant que l’on ne parle de reconnaissance des qualifications professionnelles, vous n’avez aucun mal à faire reconnaître les vôtres, et, en 1982, vous êtes acceptée sur dossier comme membre de l’Ordre des travailleurs sociaux du Québec.

Votre premier emploi dans ce cadre sera au service des Migrants/Immigrants du Centre des services sociaux du grand Montréal. C’est là où vous vous faites remarquer comme –je cite- « la petite Française très dérangeante et très exigeante », exigeante pour que le service rendu soit de grande qualité et le plus généreux possible.

Parallèlement commence votre engagement au sein de l’Union française, où vous travaillez comme travailleuse sociale puis comme bénévole. Vous occuperez d’ailleurs plusieurs fonctions de responsabilité au sein de l’association, et vous en serez notamment la vice-présidente.

Dans l’histoire de l’Union française vous laissez votre marque. Votre double compétence des problématiques française et québécoise s’est avérée extrêmement précieuse pour venir en aide à une communauté française qui est souvent partagée entre les deux cultures. Et le Consulat général de France à Montréal fait alors régulièrement appel à vous pour conduire des enquêtes sociales.

Tout en effectuant un travail social individuel, de groupe et communautaire de remarquable qualité et unanimement apprécié, vous mettez sur pied l’AMPE (Association Montréalaise Pour l’Emploi), en collaboration avec la direction de l’Union française, la Chambre de Commerce Française au Canada et le Consulat général à Montréal.

Aujourd’hui devenue le CITIM, cette association soutenue par le Ministère de l’immigration du Québec et par le Ministère des Affaires étrangères français est l’une des plus belles réussites communautaires en matière d’emploi et d’intégration au service des immigrants français et francophones au Québec.

Vous assumez aujourd’hui d’importantes responsabilités au sein de la Direction de la protection de la jeunesse pour la région de Montérégie, et vous exercez vos compétences principalement au bénéfice des jeunes en difficulté.

A partir de 2002, vous prolongez cet engagement social exemplaire par un engagement plus large envers nos compatriotes expatriés : vous succédez en effet à cette date à Jean Isseri comme Conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger et vous siégez depuis dans le groupe ADFE-Français du Monde, où vous êtes membre de la Commission des Lois et Règlements et de la Commission des Anciens Combattants.

Depuis 2002, en pleine cohérence avec vos engagements antérieurs, vous pouvez mettre ainsi au service de la communauté française, et plus particulièrement au service des personnes en difficulté de notre communauté, votre expérience et vos compétences. Vous le faites de bien des manières, avec l’engagement, la conviction, la force de caractère qui vous caractérisent. Vous le faites au sein notamment des commissions consulaires (pour les bourses, l’emploi et la formation, l’aide sociale) où vous jouez un rôle très actif et où votre professionnalisme et votre connaissance du terrain sont irremplaçables. C’est dire combien vos conseils y sont recherchés et appréciés.

Très engagée dans des actions de bénévolat en faveur des personnes les plus défavorisées, vous exercez -à titre bénévole donc- des responsabilités dans diverses instances aussi bien québécoises que françaises ou franco-québécoises. Vous êtes ainsi, pour n’en prendre que quelques exemples, membre du Conseil d’administration des Centres Jeunesse de la Montérégie, membre également de la Corporation et du Conseil d’administration du Collège International Marie de France, et je pourrais multiplier les exemples de votre engagement bénévole –un engagement qui force l’admiration.

Chère Brigitte, ce trésor de générosité qui vous habite, cette ténacité –vos amis vous qualifient volontiers de « fonceuse »- sont inséparables chez vous d’une volonté farouche de rester vous-même, de demeurer une femme libre, de garder votre indépendance d’esprit et de parole. Une indépendance qui vous a conduit à refuser de soumettre votre action à l’aval de quelque appareil y compris politique que ce soit.

Ce parcours exceptionnellement riche, vous l’avez accompli en assumant d’importantes responsabilités familiales et en élevant vos deux enfants.

Chère Brigitte, à la lumière de votre engagement constant, exemplaire et de toute une vie au service de ceux qui en ont le plus besoin, le Président de la République a décidé de vous décerner la haute distinction que je vais à présent vous remettre.

Brigitte Sauvage, au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous fais Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur./.

Dernière modification : 16/08/2011

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